Atelier « Et si les arbres rêvaient »

Atelier ayant pris place à Cossigny, les 10 et 11 septembre 2022
22 Textes de Claire (et peinture de Claire), Eliane, Denis, Jean-Louis, Jean-Marc, Pierre.

ET SI LES ARBRES RÊVAIENT

GINGKO DE LA-BAS

Toi le gingko, si beau, si grand, si magnifique !
Un peu fier, non ?
Tu viens de loin. Exotique, un peu !
Prétentieux aussi.
Et tout le monde de s’extasier.
Moi, ça m’ennuie tout ça. Il y a une sorte de snobisme à t’admirer.
Et les autres alors, les arbres bien de chez nous ?
Je n’écrirai pas grand-chose sur ton histoire que je ne connais guère.
Je préfère à ta majesté la simplicité d’un pommier.
Je préfère à ta longévité la petite vie d’un arbre fruitier.
Je préfère en général ce qui est modeste à ce qui est
majestueux.
Longue vie à toi !
En attendant, je me régale des fruits de mon figuier.

DANS MON RÊVE

Dans mon rêve il y avait des gens. Et ces gens ils aspiraient tous à la même idée de la vie, de la vie ensemble, de la vie partagée, de la vie simple et tranquille.
Dans mon rêve il n’y avait pas de chef, pas de concurrence, pas d’ambition démesurée.
Dans mon rêve régnait le calme et l’harmonie.
La nature reprenait ses droits, la terre tournait plus rond.
Dans mon rêve on vivait éternellement. On se reconstituait petit à petit pour ne jamais mourir.
Alors, la terre s’agrandissait pour nous faire de la place.
Il y avait de nouvelles terres, de nouvelles mers, de nouveaux paysages à découvrir.
Dans mon rêve les enfants avaient un avenir.
Et si je ne me réveillais pas ?

SALUT A TOI, TILLEUL

Salut à toi, oh tilleul, je te connais depuis que je fréquente les écoles, depuis la maternelle
même.
Tu es l’arbre des cours d’école, je t’ai toujours vu émerger du goudron, que c’est triste.
Je te sens solide, puissant, costaud, et pas très grand. Je me rends compte en parlant de toi que je me retrouve dans cette description, costaud et pas très grand. Moi qui avais tellement rêvé d’être grand. Bof, j’essaierai de faire mieux dans une autre vie.
Peut mieux faire, combien de fois n’ai -je pas entendu ce commentaire, à la fois riche de toutes les promesses, et en même temps, jamais satisfaisant.
Revenons à toi Tilleul, tu m'inspires la douceur, la sécurité, les cris d’enfants pendant la récré.
J’ai été à Venise et je n’y ai jamais entendu le moindre cri d’enfant pendant l’heure des récrés pendant une semaine. J’ai trouvé cela très triste. On m’a expliqué qu’il y a très peu d’écoles, car les Vénitiens fuient la ville, vu les problèmes d’humidité et la montée galopante des prix.
Une ville si belle sans cris d’enfants, ça m’a rendu bien triste.

Par contre, Tilleul, je dois te dire que je n’apprécie pas beaucoup ton breuvage qui me semble tellement insipide, comparé au thé à la menthe du Maroc si sensuel et si puissant.
Mais ce n’est pas grave, tu es pour moi un vieux pote, qui a complétement habité mon univers d’écolier.
J’aimerais être un arbre afin de pouvoir éprouver et partager cette communication dont on parle tant aujourd’hui.
Bon vent Tilleul, toi le trait d’union entre ciel et terre.

cris d’enfants
l’enfance de l’arbre
à mes racines incertaines
l’enfant est le père de l’homme

PEUPLIER

Il n’est pas prétentieux malgré sa grande taille, un simple coup de vent lui fait courber la tête.
Grand buveur d’eau, il ne titube pourtant pas, et reste bien droit.
Il est amateur de sons harmonieux ; un souffle d’air dans son feuillage est un ravissement pour l’imagination. L’air est soudain peuplé de souvenirs et d’esprits.
La discipline de l’alignement, lui a été imposé par son attirance pour l’eau. Le voilà donc souvent dans le fond des vallées, le long des cours d’eau.
Autour de lui, c’est un foisonnement de vie ; il aime la compagnie de ses semblables.
Peut-être l’homme l’a-t-il aidé en cela. Nous sommes si proches de lui …

DANS MON REVE,

il y a des arbres qui sont là et qui se dressent, il y a des arbres qui depuis toujours ont habité la forêt, des arbres qui ont habité l’imaginaire des enfants comme celui des plus grands.
Dans mon rêve, il y a ces livres d’enfant que j’ouvrais, et chaque page ouverte déployait un univers en relief.
Je m’imbibais de ces mondes avec fascination, et parfois je sentais monter en moi la trouille.
Je pense particulièrement à un livre de contes qui prenait racine dans la forêt, la nuit.
Ces arbres m’apparaissaient comme des créatures terrifiantes qui se prolongeaient à travers leurs racines et branches et qui semblaient comme des doigts prêts à s’accaparer le monde.
Je m’imaginais avançant seul dans cette forêt de tous les dangers, la nuit, aux aguets, tendant l’oreille prêt à réagir au moindre bruissement de feuille, avec la peur au ventre du loup qui me terrifiait, le hululement de la chouette à la recherche d’une quelconque pitance, le coassement des grenouilles. C’était un univers de vie et de mort, où la vie et la mort s’entremêlent, où chaque instant est porteur de cette incertitude qui rend la vie précaire et pourtant si belle.

T’ES MARRON ?

dédié aux Neg’ Marrons de la Réunion…

     -L’esclave n’est pas toujours celui qu’on croit !

Marron niait toutes les autres couleurs. Un jour il se retrouva seul…
Alors il essaya d’inventer d’autres couleurs avec son propre nom pour se sentir moins seul.
Il commença simplement en inversant ses syllabes, ce qui donna :
Ronmarr, qui pour lui était une couleur ronde.
Puis toujours simplement il se proposa de lire son nom de la droite vers la gauche, ce qui donna Norramm. Cette couleur était pour lui celle d’une rame non existante…Il commençait doucement à glisser, sans s’en rendre compte, vers une pensée ésotérique…Alors il mélangea les lettres au hasard ce qui donna Orrman, Manorr, Mnarro, Narrmo. Des noms de couleurs que lui seul pouvait voir !
Ces noms pouvaient faire penser à des noms de Vikings !
Et le voilà parti vers un imaginaire au-delà des couleurs, voguant sur des flots inconnus, découvrant d’autres contrées toutes fantastiques et extraordinaires !
Il finit par rencontrer toutes sortes de personnages plus ou moins mythiques….
Il se rendit compte comme quand on se réveille d’un rêve, qu’il n’était plus seul !
Ainsi se termine l’histoire de la couleur marron qui voulut nier les autres couleurs !

LE CHANT DES REVES

Dédié à la planète et à tous les êtres vivants.

     -Les siècles à venir seront chants ou ne seront pas…

Dans mon rêve il y avait un songe qui songeait à son propre rêve.
C’était un rêve au présent bien planté et enraciné comme un chêne.
Les racines de ce rêve le chatouillaient délicatement par moment ce qui avait pour effet de donner naissance à des bébés rêves.
Ces bébés rêves rêvaient à d’autres terres tout aussi enracinées dans l’imaginaire que peut l’être un rêve bien ancré dans le sacré.
Les bébés rêves grandissaient à une vitesse proche de celle des nuages et par moment se mélangeaient à certains de ces nuages.
Un de ces nuages touché par la douceur d’un bébé rêve se mit à pleurer de tendres larmes juste au- dessus d’un champ qui attendait depuis bien longtemps cette eau salé qui lui manquait atrocement…L’eau qui tombait avec bonheur sur le champ donnait des sonorités fantastiques aux couleurs les plus étonnantes les unes que les autres !
Le champ chantait et s’enchantait ! La terre joyeuse fut prise d’un rire fou et tous ses habitants avec ! Alors de la terre émergèrent toutes sortes de fruits et de légumes sonores et lumineux, chatoyants, chatouillant toutes les créatures ! Le cœur de tous les êtres se mit à battre un peu plus fort résonnant jusqu’à l’autre bout de la planète !
De rêve en rêve la planète et tous ces occupants, qu’ils soient minéraux, végétaux, humanoïdes et même les esprits, retrouvèrent enfin la paix de l’âme depuis si longtemps perdue…

DES RACINES ET DES REVES

A toi qui lis ce texte

Les vrais amis sont comme les arbres. Julos Beaucarne

Arbres, volutes gravées dans ma mémoire d’enfant, fidèles, libres, vagabonds sous mes paupières. Eucalyptus, Figuier, Amandier, Tilleul, Arbre de Judée, Cèdre du Liban, Pommier du Japon et celui du Paradis, Mûrier, Laurier noble, Olivier…. Amis, vous reliez la terre et le ciel avec dignité.
J’ai 8 ans, 9 peut-être. Je viens d’arriver en Provence pour la 1ère fois.
Les grands bavardent sous la tonnelle. Leur palabre devient vite brouhaha lointain. Je m’échappe du clan familial pour rejoindre la montagne derrière la maison. Là-haut, un vieux château ! C’est en escaladant vers ses ruines que je t’ai rencontré toi, l’Arbre. L’Olivier de la colline. Je me souviens t’avoir salué, souri même. La tourmente de ton tronc m’agrandit soudainement le regard. Je caresse ton corps torturé comme je caresse les mains de ma grand-mère, quand sa vieillesse m’angoisse. Ton feuillage argenté pétille comme des étoiles. Mon coeur s’emplit de couleurs, de rêves. A l’époque je ne sais pas dire les sentiments. Je regarde et je sens que c’est bon pour moi. Je sens l’éternité dans ton écorce qui vibre. Aujourd’hui je sais que notre rencontre, ton écoute bienveillante avec le jeune enfant que je suis alors, me fait couler dans les veines un peu de ton mystère, de ton essence.

Dans mon rêve, des arabesques, des couleurs, de l’amour. Mais je ne sais pas ce qu’est l’amour.
Dans mon rêve un paradis, celui d’Eve, qui réveille Adam endormi. Eve qui cueille la pomme, qui goûte, qui sens, qui vit, qui connaît.
Dans mon rêve, des sourires comme des fleurs de pissenlits qui s’envolent au gré du vent.
Dans mon rêve, la paix, la gentillesse, la joie, la douceur qui berce, apaise la terre et le vivant.
Dans mon rêve, éternel renouvellement, éternelle re création, invitation à poursuivre l’œuvre immense, infinie.
Dans mon rêve, barreaux de mes prisons rongées par les vers. Poussière chaude sous mes pieds.
Dans mon rêve, musique, joie, beauté retrouvée.
Dans mon rêve un monde radieux qui respire, danse avec les arbres dans un vent de liberté.

Atelier de poche

Contributions en ligne, avril 2020

Confinement

Le haut-parleur somme les gens :
« Restez chez vous ! »

Le soleil brille, les oiseaux chantent,
Ils nous font signe !

On aimerait suivre l’élan
qui les habitent.

À demeurer entre des murs
est-ce possible ?

De sa fenêtre regarder
l’arbuste en fleurs

Ouvrir l’oreille au chant du merle
dans le vallon.

Sentir le vent et ses caresses
sur la peau rêche.

Goûter le vol en arabesques
d’une hirondelle.

Humer la terre et son parfum
au fond de soi.

Saluer de loin ses voisins proches
qui nous font signe

et reprendre le livre ouvert
depuis hier.

Savoir trouver dans le silence
la note juste

montée du cœur qui sait entendre
toute parole.

A

02/04

départ nuit
crête des vagues
Chant du coq
Aller vers la lumière

03/04

En passant, de loin, une femme guette un sourire
le mien est prêt à offrir, ça tombe bien

04/04

hibiscus au matin (je ne m’en lasse pas) : frais comme le sourire d’un bébé qui s’éveille.

-un papillon ; image envoyée par une amie que sa main expose à mon regard. Le papillon a des ocelles bleues comme le paon de jour mais des ailes de papillon de nuit. Vivant ou mort ce papillon tenu en main ? Jour/nuit. Qui sait ? qui sait aujourd’hui la part de jour la part de nuit ?

-Ecouter « Night in white satin »

05/04

Apprendre par cœur (tenter de)
Ce quatrain de François Cheng
Embruns vous ne laissez nulle part
L’empreinte de votre secret
Seules nos lèvres gardent de vous
Cette saveur de sel et de larmes
F m’envoie l’expression coréenne « sohwakhaeng », qui signifie
« une joie minuscule mais certaine, facile à atteindre au quotidien » (déguster un bon café, sentir du linge propre, écouter le chat ronfler…) »
Oui, c’est tout à fait ça !

06/04

Encore une aube. Ecrire un journal des aubes, quel privilège. Eclat turquoise sur la mer entre deux vagues.

Émotion : cette initiative d’un fleuriste las de voir pourrir les fleurs qu’il ne vend plus les a portées au cimetière et a fleuri chaque tombe.

06/04 M-F

occuper le temps pandémique
ranger
hier, trouvaille d’un carnet manuscrit de chansons d’autrefois
réentends les parents les fredonner
essaie à travers les refrains familiers
quelques notes inédites, maladroites
l’esprit et l’espace occupé
matin coloré différent

06/04

Le chat du voisin
approche
comme en invité
Je veille à na pas l’effaroucher
Merci

Les toutes petites feuilles du grenadier
brillent au soleil d’avril
guirlandes dorées
Merci

La voix chaleureuse d’un ami
une petite bouffée de présence
Merci
MC

Dans le jardin en friche
Pâquerettes
Un papillon blanc volète
Instant présent

07/04/ EH

Ce matin, je me suis parfumée comme pour un bal
Nul signe d’anosmie
Ce matin, je me suis fait un café corsé
Nul signe d’agueusie
La journée sera donc belle !

E

Instant de grâce : la lune plénitude, la mer aspire largement le reflet doré, la lune respire la mer à pleins poumons de lumière. Il est 6h. A l’est, des lueurs s’invitent, les nuages prennent une couleur corail.

au cœur de la fleur
la vie future
éphémère
et chatoyante
fragile
et infinie

Des mots nus qui font du bien
Oui c’est cela on est dans ce temps là
Une descente en soi
goûtée

A

L’horloge cassée
égrène un temps suspendu
L’air gelé retient les mots
sans pouvoir
ralentir le tempo d’un printemps
qui explose et jaillit
au mépris des interdits
Les nids gazouillent
et la cohorte patiente
des fourmis
strie l’herbe du jardin
du labeur minuscule
et têtu de la vie.

EB

Planter le décor

Atelier d’écriture

Dans le cadre du Festival Polar, thème « la gourmandise »
Association « Vivre la plaine de l’Abbaye »

Animation : Guillemette de Grissac
Participants : Tania, Lise, Andrée-Marie, Khadija, Virgile, Valérie, John

Déroulement de l’Atelier :
– Choix d’une photo parmi celles exposées à l’Hôtel l’Atelier (photos J.Leunens)
– En relation avec la gourmandise un de ces outils de cuisine (indice ? arme du crime ?), tiré au sort, doit être intégré dans le texte : tire- bouchon, couteau de cuisine, couteau de table, fourchette, petite cuillère, vide-pomme.

Casse-noisette

Par un bel après-midi de juillet, lors d’une balade dans la plaine de l’abbaye, je pars en direction de la pinède. Un site magnifique avec ses arbres centenaires aux troncs majestueux et mystérieux qui jouent avec la lumière ; ils me font penser à un ballet de lutins dansant sur la musique de Casse-Noisette. Et là, je pense : si je faisais un gâteau pour ce soir ? Mais oui ! Je me dirige vers mon cabanon « le Paradis » pour voir si les noix que j’ai laissées dans le panier sont toujours bonnes. Je rentre dans le cabanon, je veux goûter mes noix, j’ouvre le tiroir du bahut. Plus de casse noix !

C’est à ce moment-là que, désolée, que je sors du cabanon et je vois une ombre partir vers le long chemin qui va au Rhône. Je crie : au voleur !
L’ombre me lance mon casse-noix à la tête !
Victoire ! Je vais pouvoir faire mon gâteau de noix.

A R

Tournesol

J’éprouve de l’amour pour les tournesols. Et une tristesse quand ils se fanent. Soleils, on les appelle soleils. Chaque année je guette leur floraison brève. Quand je promène Smarra dans la Plaine, je passe toujours par le champ de tournesols. Les tourterelles qui raffolent de leurs graines, grappillent autour des têtes brunes et or.

Mais aujourd’hui les tournesols s’inclinent vers la terre, comme s’ils regrettaient le départ de l’été. Les tourterelles s’activent toujours, leur roucoulement tranquille fait écho au souffle du vent. Au-dessus du champ tourne un couple de corneilles. Finies les couleurs, toutes les têtes alignées sont sèches et brunes. Et pourtant, ça et là, quelques fleurs vives émergent encore des tiges raidies, petits soleils sortant d’un univers sombre. Le mistral refroidit les plantes et les pierres.

Smarra s’agite, puis s’élance à travers champ. A-t-elle repéré quelque chose ? En la suivant des yeux, j’aperçois une forme de couleur brune qui se distingue à peine de la terre. Je rappelle la chienne, l’attache et j’avance avec elle. Ce qu’elle a vu, c’est un morceau d’étoffe et cela fait partie d’un anorak épais -trop épais pour la température d’aujourd’hui – posé sur le dos de quelqu’un. Une forme allongée. Oui, il y a quelqu’un dont je vois seulement le dos vêtu de brun, une tête blonde tournée vers le sol, presque enfouie dans la terre. Un homme allongé, sans doute jeune. Il a dans la main une fleur de tournesol et un couteau planté au milieu du dos.

Guillemette de Grissac

Les amoureux du Jardin italien

Il est revenu encore. A présent les tournesols ne sont plus les miroirs dressés, triomphants qu’il avait découvert, décontenancé. Le ciel n’a plus ce bleu puissant contrastant avec cette armée de visages jaunes au regard insoutenable émergeant de collerettes vertes. Ils ont perdu toute leur arrogance. Têtes baissées sous un ciel lourd et menaçant. Loqueteux. Ils reflètent maintenant sa propre impuissance, son propre découragement. Il lui semble que les joggeurs de la Plaine de l’Abbaye qu’il croise l’observent avec méfiance. Il est revenu trop de fois, on peut l’avoir remarqué, reconnu peut-être. Et ce champ qui n’est toujours pas fauché ! Le rocher d’Andaon l’écrase. Il se rappelle ses premières promenades avec Louise dans le jardin italien de l’Abbaye. Louise et Gilles. On les appelait les amoureux du jardin. Il se souvient de cette terrasse, unique dans la région. On y voit à la fois le Palais des Papes perché sur le rocher des Doms, le Mont Ventoux et les dentelles de Montmirail. Aujourd’hui il est celui qu’on observe peut-être de ce point de vue. A cette pensée, une bouffée d’angoisse le saisit. Il se décide enfin à partir sur le chemin qui longe le contre-canal. Il tâche de marcher le plus tranquillement possible. Mais pourquoi être revenu ? Il est des pays qu’on a abandonnés, qu’il vaudrait mieux ne plus jamais revoir. Eux et leurs habitants. Transgresser peut engendrer le chaos. Il passe près du lieu de pique-nique sans se retourner, un pincement au cœur. Il se souvient de cette course folle à travers le champ où germent des rangées de feuilles qui l’hypnotisent. Qui le croirait ? Pas question de traverser aujourd’hui ce champ cultivé. Jamais il ne retrouvera cette satanée fourchette d’argent, si singulière et si compromettante. Une fois dans sa voiture, il ne l’avait pas retrouvée dans sa poche. Pourquoi bon sang n’être pas revenu la chercher tout de suite ? La trouille, la panique sans doute. Que quelqu’un la retrouve maintenant et ç’en est fini de lui.

Ce que Gilles ne sait pas encore c’est que Louise n’est pas morte et qu’elle l’observe du haut de la terrasse

JL

Marie Argelès

C’est dimanche, un soleil d’Août. Des rouges gorges et des pinsons chantent sur les branches du vieux chêne. Plaine de l’abbaye. Je marche à pas lents. Soudain, je vois quelque chose de bizarre au sol. Je m’approche de plus près, je vois des morceaux d’une matière couleur ocre. Je touche, c’est un morceau de pomme. Et même un cœur de pomme. Et pourtant aucun pommier alentour. Mon regard s’aiguise. J’aperçois sur un buisson une touffe de cheveux roux, coupés. Je continue d’avancer, je découvre un sac à main. Hermès, inattendu. Sur le bord du sentier en terre, une paire d’escarpins noirs à talons, enfoncés dans le sol, pointure 39. Un peu plus loin, un portefeuille rouge corail. Je le saisis et, à l’intérieur, je trouve une pièce identité : c’est une dame nommée Marie Argelès.

A mes pieds un objet scintille c’est un vide-pomme.

K H

Epouvantables jardins

Je déambule sous un vent mouillé qui gerce mes joues. Les souvenirs d’antan remontent à flot.
Il était si gentil, Anselme, le jardinier qui nous offrait des glycyrrhiza glabra autrement dit bâtons de réglisse.
Cette saveur retrouvée excite subitement les papilles avides de mon enfance et ouvre les portes de mon pénitencier intérieur mais plus encore…

Ces jardins partagés me rappellent notre cocon familial des années 60. Mes pas, mon regard, mes pensées ne sont guidées que par la recherche de… rien. Et sans le savoir ils me conduisent calmement et fermement vers les méandres d’une énigme familiale.
Je pars sous la pluie, noire, malgré un timide soleil qui tente de percer les nuages gonflés de trop de malheurs.

Je cueille un « coquelicot-madame », j’arrache une herbe folle, un pied d’atropa belladonna (autrement dit douce-amère), je gratte la terre aride afin d’aérer le pied de l’olivier-témoin et – ô surprise – j’extirpe des profondeurs de la terre le fameux couteau qui manquait à la ménagère en argent de ma grand-mère. Depuis un demi-siècle. Il est recouvert d’une couche épaisse : de la terre et du sang sec, couleur de la mort, qui résiste.

Un malaise, une sensation de vertige s’empare de tout mon être, je me mets à trembler jusqu’au bout des ongles. Je suis à nouveau la petite fille meurtrie par les non-dits et les mensonges des adultes. On cache toujours l’inavouable aux petits qui, pourtant, entendent tout.

Egorgé sauvagement, tel un cochon de ferme.
Il avait payé très cher, notre jardinier Anselme, pour les avances qu’il avait faites à ma grand-mère, Reine-Mathilde.
Il l’avait toujours regardée avidement, cette fleur parmi les fleurs, belle comme un aster amellus.
Qui avait tué Anselme ?
Une chape de plomb pèse toujours sur ma famille.

L N

Près des eaux dormantes

Un décor d’eau, d’herbes, d’arbres. Derrière le talus, le Rhône coule, impérial, tandis que l’eau du contre-canal semble immobile. Au printemps, des flottilles de canetons suivent leurs parents, au crépuscule, parfois un ragondin se risque, et dès les premiers rayons du soleil, des tortues cistudes restent immobiles sur des branches mortes avant de plonger brusquement.
Mais il y a l’odeur. Douceâtre, prégnante, flottant autour du fouillis de buissons, près du petit banc de pierre.
Il semble être le seul à l’avoir remarquée. Les joggeurs passent, l’œil fixé sur leurs performances, les propriétaires de chiens, les petites familles avec les enfants dûment casqués sur leurs tricycles, les gens d’âge mûr qui marchent en bavardant. Personne ne marque d’arrêt, ne regarde autour de soi, l’air gêné et interrogateur.

Les buissons et arbustes paraissent inextricables, aussi compacts qu’autour du château de la Belle au bois dormant. L’origine de l’odeur est-elle juste derrière les premières branches ou plus loin ?
Un renard ou un lapin mort ? J’essaierai de le recouvrir de terre, se dit-il, pour que ça sente moins.

Il contourne le petit banc, commence à écarter les branches avec précaution pour ne pas s’égratigner. Son pied rencontre un objet dur, sous un peu de terre. Il gratte « Qu’est-ce que c’est que ça ? Un tire-bouchon très élaboré avec deux branches qu’on tire vers le haut pour mieux extraire le bouchon. L’odeur gagne en intensité. Des deux bras, il écarte un arbuste. Ce n’est pas un renard, ni un lapin. C’est ce qui semble être un homme, la tête tournée sur le côté, les mains déjà attaquées par les bêtes, les jambes du pantalon semblent presque vides et, contre son flanc, une bouteille de vin rouge, avec son bouchon, à peine entamée.

T K

The cake’s killer

Se lever à 6 h du matin pour faire un footing, voilà l’idée qui avait germée dans l’esprit de James Decker, il y a 5 ans de cela, avec pour objectif de se tenir en forme et d’être bien conservé sans pour autant manger de yaourts. C’était donc à cette heure matinale qu’il courait, au bord du canal de Villeneuve-lès-Avignon, un samedi matin, plus précisément pendant la fin de semaine du Festival Polar qui avait cette année comme thème la gourmandise. Il trottinait avec dans la tête « Be bop », un air de jazz qu’il avait maintes fois répété, quand soudain il vit quelque chose. Etait-ce jaune, blanc, rose, il le voyait mal à cause de la faible luminosité des matins des mois d’hiver. Il se rapprocha tout en se demandant ce que pourrait être cette forme qui semblait venir tout droit de l’infini, puis il crut reconnaître une main. C’était bien une main parmi les buissons. Il écarta les broussailles et découvrit un spectacle aussi surprenant que … horrible. Un homme était allongé par terre, une cuillère en travers de la gorge. Il semblait aussi il y avoir quelque chose d’autre à côté. A bien y regarder, c’était… Oui c’était un gâteau. Qui plus est, un gâteau aux cerises. Couleur rouge sang.

V D

A table

Douce, moelleuse, humide, grave, cette odeur du tapis de feuilles. Entre deux flaques boueuses, Hestia gambade, heureuse de cette promenade inopinée que je lui offre ce matin de semaine.
Drôle de semaine : un déplacement en Suisse annulé, deux jours de liberté, gagnés comme une cerise sur le gâteau ou …comme cette petite fourchette qui semble d’argent, et que Hestia me rapporte, la gueule refermée sur l’objet, queue frétillante, toute émoustillée par ce piquant des premiers froids d’automne. Et aussi par ce bain qu’elle vient de s’offrir dans le contre-canal.
Y flotte un tapis de feuilles rousses jaunes brunes et safran, couleur chez les feuilles de la vie qui s’en va, couleur qui donne à voir l’insoupçonné de toute vie : ce rouge après le vert, ce brun après le jaune, ce gris après la couleur. Quant à cette fourchette, oui, elle est bien argentée. De marque même : Christofle.
Qu’en faire ? La garder, c’est tentant. N’est-ce pas un peu la voler ? La rapporter à la police municipale ? En ce week-end de festival, leur bureau sera fermé. Peut-être voir si j’en trouve un en ville ? Pas trop envie, autant profiter du calme, de la brume, des faisans que j’ai entendus tout à l’heure, des odeurs et de cette eau apaisante que je longe à grands pas.
Qu’est-ce qui brille là, juste au bord, derrière ce massif d’aubépines aux couleurs passées ? Une autre fourchette, de grande taille cette fois, pas pour le dessert, mais pour les choses sérieuses. Quoique le dessert, c’est très sérieux en fait, je trouve, moi.
Bizarre tout de même. Qu’est-ce que c’est que ça ? Un pique-nique chic dont les protagonistes se seraient enfuis au plus vite pour échapper à la pluie ? Un cambriolage dont des objets auraient été abandonnés ? Pas logique. Tiens, ça brille encore, là-bas, en contrebas du canal, sous l’arbre couché sur l’eau. Encore l’œuvre des castors. Ah bien ça alors, cette fois, c’est le couteau, le manche, même style, mais…la lame ne brille pas. Elle est bien enfoncée dans ce qui …oh non, pas ça !

V G

Herbier de mots

Une sortie botanique avec une spécialiste, Mireille Tronc
Des amateurs de plantes, de jardins, d’herbes sauvages
Un site : la Plaine de l’Abbaye ; un lieu, la maison de Sigrun Reinekin.
Une association « Vivre la plaine de l’Abbaye »
Des textes qui constituent une manière d’herbier poétique
Incitation, recueil des textes : Guillemette de Grissac

Herbier Sigrun juin 18

Coquelicots

Coquelicots qui vagabondent
A la ronde des chemins
Pétales rouges voltigent joyeux

                 Léger parmi les graminées.                      

Medicago orbicularis

Luzerne, luserna
Tes graines petites lumières,
Tes Spires m’ont enchantées
Seras-tu mon bijou ?

  Bryone

Vrilles, spires, spirales,
Dans quel sens on tourne ?
Droite-gauche gauche-droite,
Cette valse me tourne la tête.

 Silène

Silène petite fée blanche
compagnonne des chemins
Tu as le ventre rond
bondé de graines grosses.

Vicia bithynica

Fleur papillon rouge et bleu,
Tu portes un étendard, des ailes
une carène comme un bateau,
Vas-tu grimper très haut?

Herbier Mado juin 18

Fleur de lumière

 Flamboyante  fragile  éphémère

                                           Joli coquelicot

                                        Un souffle  passe et  tu  trembles

Guillemette, Plaine de l’abbaye, mai 18

Suffit d’un coquelicot pour allumer la flamme
du désir d’être heureux Même un bonheur fragile
comme des pétales  froissés
Toute la vie est ponctuée de rouge

Genet à balai genet d’Espagne
docile et parfumé
Ajonc
une armée rebelle court dans les vallons

Tout l’univers dans une goutte d’eau
et d’abord le soleil
trois diamants
sur un seul pétale de rose

Prêt à l’envol
ses ailes translucides s’agitent
le rouge éclate
Privé de ciel
sur sa tige le coquelicot palpite.

Guillemette Herbier de mots, 23 mai 18

A la loupe ne rien manquer
de l’invisible des herbes
Voir le duvet des feuilles l’éperon de la centranthe
Ne pas louper surtout son cœur vivant

Enfermé Compagnon blanc?
Mais non il ignore les clôtures
Que ta liberté soit la nôtre, ami compagnon !

Laurier
Victoire ou poison
Gloire des guerriers ou bouquet pour la soupe ?

Valérie, Herbier mai 18                 

Fleurs et herbes dans le soleil
pas sur le chemin
la pluie pour demain

minuscules découvertes

immensément petits
les détails que je bataille
à rappeler à mon souvenir

l’herbier sera trace
images et mots mêlés
quand je serai face
images et mots mêlés
à la mémoire ternie.

Étoiles Nature, Martine, juin 18

Fleurs, étoiles terrestres
délicates,
savoureuses
Je vous aime

Tragopogon pratensis, salsifis des prés

Lise, Herbier, mai 18

Navet du Diable
Vit et brionne
Navet du Diable
Vibrionne  

Fleur sucrée
Sucre d’orge
Enfance 

Nature
oeuvre
Ecoutez le silence

Tout doucement
Le printemps
Avance
Un pas après l’autre

Champs de blé
Abreuvé de pluies rapides
Havre de paix
sigrunesque

Toutes ces fleurs écloses
dans le vent printanier
Eclats de rire. 

Traces de plumes

Atelier d’écriture du 2 au 8 juin 2018 à Kergallic

Présents avec nous les oiseaux dans le hameau : grive musicienne ; merles adultes et jeunes ; petit duc ; chardonneret ; hirondelles fenêtre/rustique ; pouillot véloce ; pinson des arbres ; pigeon ramier ; tourterelles turques ; faisans, pies, faucon crécerelle….

Présents à la côte : Tadorne de belon ; cormorans, nourrissage 3 jeunes ; craves à bec rouge et jeunes craves ; choucas ; corneilles ; goélands argentés/bruns/marins ; fulmars ; pigeon biset ; pipit maritime ; tarier des prés ; traquet motteux ; linottes mélodieuses…

Regard sur les plantes : Armeria ; plantain caréné ; silène ; orpin blanc/jaune ; rumex ; cuscute, ajonc, genêt, bruyère cendrée…

Formes poétiques : on privilégie la forme brève, les quatrains en référence à, François Cheng, à des textes d’Andrée Chedid ; on peut choisi la forme « haïku » ou la forme « tanka » du moment que le rythme, la mélodie, la profondeur sont là. Lire la suite >

Sur les bords du Rhône et sous la glycine

16 avril 2016

Atelier d’écriture organisé dans le cadre de l’Association Vivre la Plaine de l’Abbaye.

Avec la participation de : Aurore, Christine, Jeff, Marie-Antoinette, Nadine, Océane, Sigrun, Solène, Valérie … et le chat de Sigrun.

Animé par Guillemette de Grissac

Il y a le parfum sauvage du foin

Il y a le parfum sauvage du foin
Il y a un petit bois caché, bien caché
Il y a le regard curieux d’un enfant
Il y a un geste maladroit en caressant une fleur

Il y a le bruit du canal et du vent
Il y a une musique qui se perd au loin
Il y a du brouillard léger comme la neige
Il y a des taches blanches d’aubépine en forme d’étoiles

Il y a un paysage animé tout autour de nous
Il y a la vie de la nature qui se réveille au printemps
Il y a une émotion qui fait battre nos cœurs
Il y a la paix intérieure.

Marie Antoinette

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Découverte des oiseaux et paroles poétiques

Ils étaient là, bien sûr, du matin, au lever du soleil dans le hameau,  sur les landes, dans les buissons, au creux des rochers, sur les pavés du port, loin en mer, et jusqu’au soir tard, près de Grand Phare, là où se trouvent les « dortoirs ». Goélands, oiseaux marins, oiseaux familiers des campagnes …

Voici où nous les avons rencontrés :

Hameau : chardonneret, pouillot véloce, pinson des arbres,  merle, moineau domestique, hirondelle rustique, hirondelle de fenêtre, martinet noir, tourterelle turque, pigeon ramier

Champs, proximité des habitations, buissons : Faucon crécerelle, tarier pâtre, troglodyte mignon, alouette des champs, bergeronnette grise, rouge-gorge, accenteur mouchet, pie bavarde.

Côte rocheuse : huitrier pie, goéland marin, goéland argenté, goéland brun, fulmar, pigeon biset, cormoran huppé ; aigrette garzette.

Landes, pelouses : Linotte mélodieuse, pipit maritime, crave à bec rouge, choucas.

Les oiseaux  étaient là, dans les paroles poétiques, celles des poètes et  celles des participants.

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« Et si tu croises… » Atelier Corps des mots

10 et 11 janvier 2014

L’Atelier « CORPS DES MOTS » a eu lieu à la Réunion, dans le cadre de l’Association « Et si tu croises », animé par Béa, Flore et Guillemette.

La première session a été remplacée par le cyclone Bejisa mais la deuxième a été très enthousiasmante.

Nous avons exploré les relations entre les mots et le corps ; comment les mots sonnent , résonnent , comment le corps renvoie du sens (domaine de Flore); nous avons fait le pari d’une mise en mise en relation de plus en plus fine et sensible.

Les PROPOSITIONS D’ ECRITURE (Guillemette) ont permis des textes variés, tous chargés d’émotion, lus ensuite, retravaillés, mis en voix, mis en scène (Béa).

Des conseils techniques ont été donnés, permettant une réécriture.

Il y a eu aussi la lecture à deux voix de textes d’écrivains, des extraits tirés au sort, une recherche de mini-mise en scène, d’une intimité.

Paul Auster : Chronique d’hiver
Eve Ensler : Monologues du vagin
Daniel Pennac : Journal d’un corps
Nacera Benaza in Les Carnets de la Création (éd de l’œil) L’Algérie …

La PROPOSITION D’ECRITURE à partir de cet extrait était une variation personnelle sur le thème ou à partir des mots.

Chaque journée s’est terminée par un lâcher prise, mouvement libre avec musique et sans paroles, ou bien, le 2° jour, mise en corps et en espace du texte de Christian Olivier « Corps de Mots ».

Après échanges sur l’écriture et le déroulement du stage, nous avons dansé sur la chanson de Zazie « J’envoie valser ».

Du récit personnel à la fiction

Atelier d’écriture du 7 au 13 juillet 2013 à Kergallic

Animé par Guillemette de Grissac et Louise de Ravinel
Dans le cadre de l’association l’Arche de Noé, Kergallic, Belle-Ile-en mer.

Carnets, journaux, intimes, souvenirs d’enfance, notes hâtives ou récits complets, l’écriture personnelle est pour certains une habitude, pour d’autres elle demeure un désir à réaliser.

Ecrire c’est toujours dire « JE »

… mais comment présenter aux lecteurs une écriture personnelle, rendre compte du monologue intérieur, jouer avec le dévoilement écrire au passé comme au présent ? Beaucoup d’interrogations affluent avec le projet d’écrire sur soi : elles concernent par exemple  la relation entre sincérité et pudeur, l’envie de tout dire et le respect des autres,  le mystère de la mémoire.

Mais la littérature de l’intime est aussi acte de parole, travail sur le langage. En cela, elle devient inévitablement fiction, travail de transformation. Elle est aussi, pour chacun, auteur et amateur,  une expérience de formation.

Dans le cadre de l’atelier, chacun s’essaie à sa propre écriture pour constituer un carnet ou un recueil.

L’écriture au sein d’un groupe permet échanges, écoute et débats.

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Atelier13

Le livre des soleils

Atelier d’écriture du 26 août au 1er septembre 2012

à Kergallic  Belle-Ile en mer

Après le sable, l’air et l’eau, c’est donc le feu solaire, avec sa force et sa vitalité, sa présence dans l’île et sur l’océan, qui nous invite à l’écriture. Il s’agit d’écrire sur un thème commun, à partir de propositions diverses, dans un esprit d’échange et de confiance.

J1 Lundi 27 août 2012 Van Gogh …

Ecriture spontanée à partir d’une reproduction du tableau de Van Gogh : MOISSON AVEC FAUCHEUR, 1889 (Essen, Museum Folkwang)

Regarder simplement, sans analyse, sans réflexion, pour soi-même, y repérer un ou des éléments qui s’adressent à vous …

Le cercle solaire

le bleu des montagnes

les vagues tourbillonnantes des blés

l’arbre solitaire comme l’homme au travail

le ciel strié d’ombres

le mas au creux de la colline

est-ce une eau, un chemin entre l’habitation et le champ ? Agnès

Dans les vagues colorées et ensoleillées du tableau, j’observe une petite maison gris-bleu … aussitôt  un souvenir d’adolescence émerge … Elyane

« Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été […]

cette faucille d’or dans le champ des étoiles », rêvait Booz endormi.

Il peut toujours rêver, celui-là… et moi, je sue sous le soleil descendu sur ma peau, au bout de ma faucille brûlante, si petite, si mince pour couper cet immense horizon de blé, indéfini, trop vaste pour mon écrasante journée de labeur qui ne finira qu’à la nuit. … Michel

« Les cyprès me préoccupent toujours, je voudrais en faire des choses comme les toiles des tournesols, parce que cela m’étonne qu’on ne les ait pas encore faits comme je les vois… c’est la tache noire dans le paysage ensoleillé, mais elle est une des notes noires les plus intéressantes, les plus difficiles à taper juste… il faut les voir ici, contre le bleu, dans le bleu pour mieux dire ». Van Gogh, Lettre à Théo.

Le Livre de l’Air

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ATELIER d’ECRITURE à Kergallic, Arche de Noé,

BELLE ILE EN MER du 4 au 9 juillet 2010

Icare, l’air et les oiseaux

Après le LIVRE de SABLE, en 2009, l’expérience d’atelier d’écriture à Belle-Ile-en-mer continue.

C’est au hameau de Kergallic, dans le cadre de l’association l’Arche de Noé, que nous nous retrouverons pour explorer par l’écriture un autre élément : l’air.

Livre de l’air ou «livre d’Icare».  Rêve d’envol, thème du souffle,  regard sur les oiseaux  très présents sur l’île à cette époque de l’année. Voici une incitation à la légèreté (non à l’inconséquence que ce terme désigne parfois) mais  une occasion d’échapper à la pesanteur, c’est-à-dire à l’excès de sérieux. Ecrivains et poètes (Jacques Lacarrière, Apollinaire, Supervielle, Saint-John-Perse …) et des peintres (Brueghel, Braque, Delaunay …) pour qui légèreté/gravité sont sources de méditation nous accompagneront dans l’écriture, c’est-à-dire dans l’expression de textes variés, poèmes, « histoires », fragments. Pour la mise en voix et sa relation au souffle, c’est un auteur de théâtre (avec ses paroles « pneumatiques») Valère Novarina, qui pourra nous guider. Lire la suite >

Zistoir la Fontaine

Atelier 90

Zistoir la Fontaine

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éditions la maison bleue

Zistoir la Fontaine

20 histoires écrites par les 12 participants à l’atelier


Pour monter de Saint-Leu « en bas », jusqu’au lieu dit La Fontaine, il y a une cinquantaine de virages dont certains sont peu ordinaires. L’un d’entre eux est par nous surnommé le Moebius : on dirait un ruban à surface unique, prêt à nous transporter dans une dimension incertaine, réduite à une courbe infinie.

Au lieu dit « Fontaine » (ou « La Fontaine »), 500 mètres au-dessus diu niveau de la mer, la ravine qui porte le même nom, creuse le paysage de façon très radicale. Quant à la a route sinueuse, alias « Chemin Surprise » qui s’en va rejoindre la D13 précisément là où se franchit la ravine, elle est depuis le niveau zéro jalonnée par une douzaine d’arrêts de bus « Eolis », chacun portant un nom suscité par le terrain, la végétation, un repère humain visible ou non. Les arrêts « cars jaunes » prennent le relais sur la D13. Inutile de préciser que monter à la Fontaine ou en descendre constitue une forme de sport relativement risqué.

Une autre singularité du lieu : l’installation du chantier de la route des Tamarins, « ouvrage d’art non courant », qui bouleverse totalement le paysage et fait paraître incongrue la balade erratique du troupeau de chèvres inféodé au lieu. Un paysage d’abord dominé par les grues, parcouru par des monstres appelés Caterpillar, New Holland, Evolution, une noria de bétonneuses, de remorques, de véhicules à chenilles s’escrimant à virer en plusieurs épisodes dans les épingles à cheveux, en concurrence avec les cars déjà gênés aux entournures. Puis l’édification des viaducs, avec les deux équipes travaillant à se rejoindre au milieu du vide. Enfin, après apaisement des monstres, la Route, vierge bitume offert aux skaters, aux cyclistes, aux piétons en attendant sa mise en service en Juin 2009. Lire la suite >