La Séparation

La Séparation c’est notre guerre mondiale à nous, il y a des prémices et des champs de bataille.
J’étais petite, ne restent que quelques images : les peluches qui attendent dans le brouillard, des cartons empilés, on court pour trouver ses chaussettes. Dans l’ère post Séparation, la paix est
revenue, mon père et ma mère prennent le café, ils ne sont pas des parents-divorcés-qui-se-déchirent, avec ma sœur on le dit pour que nos copines avec parents-toujours-ensembles nous regardent avec moins de pitié, j’ajoute même ils n’ont pas divorcé ils n’ont jamais été mariés pour clouer leurs becs de petits réactionnaires.
LR

14 Février

Pour la Saint Valentin, il lui offrirait des orchidées aux tendres pétales cultivées en Afrique. Mais la
taxe carbone ?
Des roses alors ? Les roses en février ? Fleuries grâce aux pesticides, puis entassées dans des
camions …
Il aperçut dans la vitrine du pâtissier un gâteau en forme de cœur, génoise à la framboise. Mais
bourré de gluten. Impossible.
Il l’inviterait au restaurant végétarien, tiendrait la portière quand elle monterait dans la voiture.
Ah, tout geste de galanterie n’était-il pas désormais une offense ?
Eh bien, tant pis, le 14 février il irait au cinéma. Seul.
GG

Symphonie

Symphonie

Le concert a commencé en fin d’après-midi. D’abord les percussions, cymbales, caisse claire, grosse caisse, ensuite xylophones et clavecins se sont affirmés avec énergie, enfin, en sourdine, les
instruments à vent les ont rejoints. Alors le rideau de scène s’est ouvert, révélant les danseuses avec leurs voiles écarlates, leurs robes effilochées, moirées ou cotonneuses et qui allèrent en s’affadissant quand, dans une déchirure, apparut Séléné, la vedette, pleine de sa propre lumière.

Après ce paroxysme, la musique doucement s’apaisa jusqu’à laisser entendre le bruit des gouttes s’écoulant des feuilles de frangipanier.

Ah, dit-elle, comme j’aime l’orage sous les Tropiques.