1 – Identité

Je me suis inscrite à un nouveau club fitness. Tout neuf aussi mon justaucorps mauve. En pleine forme. Comment tu t’appelles, me demande au premier cours ( abdos-fesses) l’animatrice, une blonde plutôt craquante. Vanessa, je lance. Je sais pas pouquoi, ça lui a bien plu, à chaque cours de step ou de low-impact, elle m’interpelle : allez Vanessa, plus haut, la jambe, ton dos Vanessa, ton buste, allez, en rythme !

Je m’appelle Renée. Je n’aime pas vraiment mon prénom, une idée de ma mère, qui n’arrête pas ma petite Renée par-ci, ma petite Renéééée par là, le coup classique : avant moi, un frère mort en bas âge, et autre prétexte, la grand-tante Renée. A moi de faire renaître ces deux -là… Lourd, non ?

Vanessa, c’est le nom d’un papillon.

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2 – Suite pour

La première fois que j’ai vu X je ne l’ai pas vu. Lui, si. Nous étions cinq ou six personnes dans une pièce sombre et je ne le connaissais encore, je ne connaissais pas les autres non plus. Lui, pas de doute, il m’a repérée. Il n’a pas bougé, et je n’ai même pas su ce jour là qu’il s’appelait X.

A vrai dire, X qui est très brun, plutôt petit, n’a pas vraiment le profil de mes fantasmes. Voilà pourquoi je l’ai à peine remarqué

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3 – Les bas rouges

Je sais pas quoi faire !

Je répétais ça sans arrêt quand j’étais une petite môme. En pleurnichant.

Maman, elle savait pas non plus quoi faire avec moi, vu qu’elle était seule, alors elle m’emmenait à son travail, moi, assise sur une marche, j’attendais que le temps passe. Je me demande si on peut s’ennuyer plus que ça. Maman, elle me parlait pas.

Je sais pas quoi faire, je répétais encore.

Gratte toi les jambes pour te faire des bas rouges ! qu’elle me lançait, énervée, en continuant à tordre sa serpillière.

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4 – La cage

Voilà, midi, fait chaud, je passe à pied devant la clinique du Parc. Sur le perron, une  vieille femme pas capable de descendre seule les trois marches – pourquoi des marches à un perron de clinique ? –  d’un côté, un infirmier en blouse, de l’autre un homme, son fils, probable, soutiennent comme ils peuvent. Prennent des précautions, les hommes, pas le droit de la casser entre clinique et taxi, cinq mètres, ça va pas vite.

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5 – Le pont

A regret, j’ai tourné le dos à la mer, en direction de l’intérieur de l’île. Pas de carte, oubliée à l’hôtel. J’ai demandé la route pour l’Entre Deux.

Par là, et puis après le pont… Et comme j’ai l’air de ne rien comprendre, quelqu’un dit : regardez, on le voit d’ici, le pont ! Et, plus loin, les premières cases de la commune ! En levant les yeux, je ne vois d’abord que  les montagnes, vert cru, pentues, comme tranchées à vif. Et puis au loin, un trait d’union blanc qui joint deux flancs de montagne, au-dessus d’une faille géante.

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6 – Le peigne

– On a bien fait de venir à la plage, hein, Jason, enfin sortis du labo, détente !

Avec application, il lèche un icecream vert, comme un grand gamin. Attendrissant, cette concentration. Moi j’ai l’impression que mes neurones continuent à calculer tout seuls alors que je ne leur demande plus rien.

De tous les jeunes scientifiques du labo, Jason est celui qui me …Bref, j’observe avec attention les mouvements de sa langue sur la glace, mais y a-t-il pour lui, en ce moment, quelque chose de plus important au monde que de faire diminuer la masse crémeuse ? Une chose à la fois, semble-t-il me dire.

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7 – La nouvelle aire

Il y a des jours où vous avez des doutes sur l’humanité, pas vrai ? Après avoir lu certains écrivains ou certains philosophes ?  Ou seulement regardé le journal télévisé ?  Ou jeté un coup d’œil sur la une du Quotidien ?

Alors ? Sortir, marcher, aller vers la mer. Une valeur sûre, la mer. N’êtes pas le premier, la mer, la mer toujours recommencée, allons, rien de mieux pour évacuer le vague à l’âme que le mouvement des vagues.

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