La meilleure amie de l’homme

Il est temps de rendre hommage à la meilleure amie de l’homme victime, hélas, de l’injustice et de l’oubli.

La meilleure amie de l’homme est apparue sur terre probablement peu de temps avant lui, Par la suite, dès qu’elle l’a connu, l’humain, elle l’a suivi partout. Or l’humain est ingrat, comme on va le voir.

Comment se fait-il que le mythologue inventif qui imagina l’histoire de Noé, l’ait oubliée ? On la verrait ainsi pénétrer dans l’Arche et inutile de dire qu’elle ne tient guère de place, même en couple. Eh bien, non, pas une trace. Et dans l’épisode précédent, lorsque Noé s’enivre dans sa vigne, Noé vigneron, amateur de vin, ivrogne au point de rouler à terre entre grappes et tonneaux ? Rien. Elle l’accompagnait pourtant.

Les anciens observaient les phénomènes naturels sans les comprendre : ils ont cru qu’elle naissait spontanément des gouttes d’eau. Ainsi lui trouvèrent-ils son nom, si poétique : « qui aime la rosée ». De même, les souris, pensaient-ils dans leur antique naïveté, naissaient de la poussière, et ils voyaient émerveillés des atomes dans les rais de lumière. Cher Lucrèce, chers anciens, quels poètes, quoique Aristote fût un peu rabat-joie.

Par la suite, à l’époque dite moderne,  elle devint l’égérie des scientifiques. C’est grâce à son bagage génétique facilement observable que nous sommes aussi experts désormais. Nous lui avons arraché tous ses secrets, concernant la structure de l’adn, la valse des chromosomes, la construction de notre propre transmission.

Lui avons-nous rendu grâce ? Erigé un monument ?  Pas du tout.

Certains ne vont-ils pas jusqu’à la regarder de travers, la rendant responsable des tentatives de clonage humain, de la schizophrénie des bébés éprouvettes, des filiations abracadabrantesques, et autres  dangereuses fantaisies humaines.

On pouvait la baptiser fille des vendanges, enfant de l’eau-de-vie, bête-à-pommerol, demoiselle du brouilly ou du château-margaux., que sais-je encore ?  Quel hypocrite l’a baptisée mouche du vinaigre ? Celui-là, sûrement un pochetron,  voulut faire croire qu’il ne touchait à la bouteille qu’avant de tourner la salade. Hypocrite. Hypocrites et ingrats humains.

Voilà pourquoi, je propose aujourd’hui, que soit  érigé à l’intérieur la Cité des Sciences, sur le parvis, se reflétant dans la Géode, un monument dédié à la meilleure amie de l’homme : la drosophile.

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